dimanche 15 mars 2009

Le Slam en questions

Le Slam chez Robert
Chronique d’un slammestre
Par André Marceau

Oui, c’est arrivé : dans l’édition 2009 du Nouveau Petit Robert on trouve une entrée au mot « slam » ! Le mot a, de la sorte, gravi quelques échelons dans l’échelle de la reconnaissance académique… Et cela, conjointement au phénomène social lui-même.

Voici la définition donnée par le dictionnaire à l’anglicisme dûment introduit dans la langue :

« Forme d’art oratoire consistant à déclamer de manière très libre des textes poétiques. Tournoi de slam. – n. Slameur, euse. ».

Le tournoi est mentionné, mais de façon secondaire, subalterne à la définition qu’impose, par le biais de sa popularité, toute une vague de rappeurs qui s’ignorent.

C’est dommage, car le dictionnaire accorde préséance au dérivé d’une pratique qui s’était pourtant instaurée en France depuis plusieurs années déjà : le Slam de poésie. Ce dernier est une importation du « Poetry Slam », créé au milieu des années 1980 par Mark Smith à Chicago, qui se répandit par la suite partout aux É-U.

Au Slam de poésie (Poetry Slam), les poètes sont disposés dans une situation inusitée : la compétition. En effet, 5 personnes choisies dans l’assistance octroient un pointage à chaque slameur. La partie se déroule en deux manches et à la fin il y a un gagnant ou une gagnante. Au bout de la saison régulière, on regroupe les gagnants de toutes les parties afin de les confronter aux demi-finales. Les huit slameurs qui y obtiennent le meilleur score se qualifient pour concourir à la finale régionale. Le tout trouve sa conclusion dans la finale nationale.

Au Québec, bien que le Slam ait été popularisé par des français (justement parmi ceux qui ont détourné le mot, avec Grand corps malade en tête), une ligue du Slam de poésie a été créée (la LiQS) et quelques organisations présentent les tournois dans leurs régions respectives : Montréal, Québec, Outaouais et Sherbrooke, puis Lanaudière… Montréal et Québec en sont à leur troisième année.

Et à Québec, la saison régulière se terminera bientôt, il ne reste plus que les matchs du 16 mars et du 20 avril, puis débuteront les demi-finales.

Le contexte compétitif imposé à la poésie oralement transmise, modifie radicalement la dynamique qui s’instaure autour de la poésie et des poètes. D’un côté le public, d’un autre côté les slameurs, et d’un autre encore les juges choisis parmi le public et, finalement, les officiels du jeu (slammestre et juge de ligne), autant d’éléments mis en relation, avec pour les poètes un enjeu à la clé, soit celui de l’emporter. Tout cela, évidemment, s’avère des plus propices à provoquer des situations riches en émotions, en rire et en plaisir.

Si vous désirez connaître les règlements d’un Slam de poésie, cliquez.

4 commentaires:

Symnd a dit…

Personellement, je trouve que c'est une bonne nouvelle. Une définition ça se change. Le plus dur c'est l'introduction du mot dans le dico. Faut que l'expression ait assez d'envergure pour que Robert le définisse. Et personnellement toujours c'est un gros plus que se soit Robert plutôt que La Rousse qui le définisse ce mot.

André Marceau a dit…

Merci de ton commentaire. Absolument ! Tu as raison, c’est une bonne nouvelle…c’est ce qui m’a motivé à en parler, d’ailleurs. Et je ne voulais pas bouder ce plaisir, bien que je trouvais que c’était une occasion de remettre les pendules à l’heure.
Quant au Petit Larousse, j’avoue n’avoir pas vérifié (je n’ai que Robert chez moi), peut-être que le mot slam s’y trouvait déjà. En as-tu un de cette année à ta portée ?
Par ailleurs, pour en lire un peu plus sur le Slam et cette question de définition, et si c’est ou non de la poésie, je recommande :
1- SLAM MA MUSE, anthologie de la poésie slamée à Québec, éd. Cornac, 2008. Particulièrement la préface. J’y dresse un historique de la poésie orale et une mise en contexte du slam. (Désolé de faire référence à un de mes bouquins).
2- Revue Spirale no 224 (janvier/févier 2009). Ce no comporte tout un dossier sur les frontières de la poésie : « Est-ce poétique ? ». On y retrouve quelques textes concernant le slam (notamment sur Grand corps malade)
*_*
End ré

Symnd a dit…

Mouais je l'ai Slam ma muse. (J'ai d'ailleurs compris le jeu de mot du titre que trois semaines après l'achat je me suis trouvé stupide à souhait) J'ai simplement pas encore eu l'occasion de me rendre au-delà de la préface. Je me suis dit que je me le réservais pour un moment moins dépressif de ma vie ou simplement quand ma curiosité serait moins exclusive à mes cours.

Bref, cette semaine de relâche je le lirai (c'est si triste devoir se planifier des périodes de lecture extra-scolaire ¬_¬ )

Et moi aussi mon plus récent c'est un Robert (2008 en plus)

André Marceau a dit…

Eh ben, j’espère que tu as trouvé et que tu trouveras encore + tard, quelques éclaircissements et sources d’informations intéressantes dans la préface.
Quant au reste, je comprends bien, on a tous des obligations qui nous contraignent : quand ce n’est plus l’école, c’est le « travail », la famille, etc.
Mais ce qu’il y a de bien avec un livre, c’est qu’on peut l’aborder à son rythme (et selon ses disponibilités) et on peut y revenir au besoin (ne serait-ce que pour retrouver le fil).
Bonne semaine de relâche…
End ré