dimanche 22 août 2010

Retour sur le Vendredi de poésie du 13 août









Texte et montage :
André Marceau


Photos : Claude Antar





Tous les poèmes mènent au chemin

avec Paul Bélanger en première partie



Cette édition des Vendredis de poésie (VdP) venait clore la formule estivale (consistant à recevoir en première partie un seul poète invité), ce qui nous donne l’occasion d’en entendre un peu plus de sa part.

Mais, afin de préserver le rythme et la variété soutenus des VdP, sa présence est divisée en trois brèves prestations et sont présentées en alternance avec des poètes inscrits à la scène libre.



Nous avons d’abord effectué le mini lancement de la dernière publication du Tremplin d’actualisation de poésie (TAP), Les mots funambules, de Claude Antar (éd. Les Croque-mots), en avant-scène.







A suivi la première partie avec Paul Bélanger qui nous a conduit – et de belle façon – au chemin… ce même chemin qui ne mène nulle part*, car la poésie nous apprend que la destination importe peu : seule compte la façon de s’y rendre.




Malgré une salle assez pleine, les participants à la scène libre furent un peu moins nombreux ce mois-ci (une quinzaine au lieu de l’habituel vingt et plus. Merci à toutes et à tous les participants…

* Référence à : Chemins qui ne mènent nulle part, essai de Martin Heidegger

Prochain rendez-vous des Vendredis de poésie :
Vendredi 10 septembre, 20 h 30
à l’Espace Tam Tam
, 421, boul. Langelier, Québec.

Entrée libre, sortie gratuite, poésie vivante.

Pour de plus amples informations, consultez ce blogue dans les prochaines semaines.
Vous pouvez écrire à : tapoesie@hotmail.com

jeudi 12 août 2010

Il n’a jamais fait de slam

Une chronique de André Marceau


Paul Bélanger

Paul Bélanger publie, depuis 1982, des textes et des poèmes dans des revues au Québec et à l’étranger. Certains de ses poèmes ont paru dans des anthologies, d’autres ont été traduits en espagnol, en portugais et en anglais. Il a publié sept titres aux Éditions du Noroît , dont Origines des méridiens (2005) qui a été finaliste aux Prix Saint Sulpice de la revue Estuaire, Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec, ainsi qu’au Prix du Gouverneur Général, et à l’hiver 2009, Répit.


À l’instar des autres poète invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », j’ai demandé à Paul Bélanger de rédiger un court texte pour nous expliquer pourquoi il n’a jamais participé à un slam de poésie.


Pourquoi je ne fais pas de slam de poésie ?

Paul Bélanger

Je ne voudrais froisser personne en disant que le SLAM ne m’a jamais rien dit, c’est ainsi.
Je ne conteste à personne, pour autant, la possibilité de se « lancer » sur une scène pour des joutes verbales.

À mon sens, la pratique du slam, si elle relève d’une possibilité du langage, est assez contraire à ma conception du poème. C’est en arrière du poème. Un talent peut sans doute s’y révéler, qui n’est qu’un départ et pas encore un passage. Le poème étant à la frontière de l’image et de la pensée.

Que demande-t-on au poème, si ce n’est cette exigeante transformation du matériau commun. Que demande-t-on au poète, sinon d’aller au-delà de l’exercice virtuose, dans une responsabilité de sa liberté (liberté pour l’autre) qui est conséquente à son ouverture.

Ainsi, au-delà de la performance théâtrale, rien n’est encore engagé, tant il est vrai qu’écrire c’est recommencer, l’expression immédiate n’étant qu’un point de départ.

C’est là un malentendu qui perdure. Dans mes poèmes, la voix n’appelle pas tant l’oralité, dans le sens où on l’entend souvent, mais l’interpellation et l’attention conduisant à des métamorphoses qui ouvrent l’avenir à de nouveaux usages du langage.

Ainsi donc :
Sur la dure connivence d’une
Langue sourde qui ne se donne pas
Aligne les signes secrets et
Monte un alliage alchimique


Trois poèmes

extraits du recueil Répit,
Paul Bélanger, éditions du Noroît / Le taillis pré, 2009.



46

le crayon ne roulera pas jusqu’à la marge
de la table je l’aurai rattrapé pour suivre
mon histoire histoire d’occuper le jour
de comprendre l’arrière des façades
tout homme n’a devant lui
que son reflet à contempler
sans qu’il soit possible d’éviter
de se voir tel qu’il est sans projet
et sans futur agité simplement par l’instant
du mouvement immédiat d’une rencontre
dont il faut reprendre à l’infini l’amorce
d’un premier pas hésitant vers un être
je ne fais que tutoyer cette table
comme une frontière à franchir
sachant qu’une vie ne suffit
pour ce pont de papier



47

de quelle lumière voulais-je nourrir la terre
si je suis dépourvu de clarté à quel désir
répondrais-je qu’elle n’ait assouvi
d’un autre nom et d’ailleurs cela importe-t-il
pourvu que la descente se poursuive
parmi les plis et les équations qui retournent
les objets en révélant le cœur de mon regard
tous ces cahiers ces mots cette magie
ces métamorphoses quand je saute
au risque de me rompre la vie
ne m’a pas épargné penses-tu
je vis dans ce logement minuscule
comme s’il était un vaisseau
et tout se joue sur cette image
de la chute d’un arbre au milieu du salon
ne manque plus au vaisseau qu’à passer
outre et s’éloigner



49

je m’enfonce jusqu’à la mort
d’erreur en erreur et pour un si maigre pain
une table de neige si vraie que je sens
sur ma nuque un souffle froid
sans autre raison que tracer
le fil d’une attention extrême
peu à peu le sofa rassemble les filets
du bois qui blessent les pieds nus
rien n’est à ce point réduit pour l’errance
à l’infini des jours — l’ordalie des sens
remémorés par les mots tendus
vers le point de cassure sans que casse
la flèche qui pointe devant et m’aspire
dans son sillage — perle bleue
d’un mouvement en transit — vie d’un seul
authentiquement perdu à ce monde
et je voudrais durer encore quelques minutes
pour que ne cesse jamais ce vent
qui veut rôtir l’âme dans l’air
une vie contre un seul instant
l’instant pur d’un saut


Extraits du recueil Répit, Éditions du Noroît / Le taillis pré, 2009.


Veuillez noter : La chronique « Il/elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du SLAM. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.
Pour lire les chroniques précédentes, cliquez.

dimanche 8 août 2010

Prochain Vendredi de poésie





Tous les poèmes mènent au chemin


avec Paul Bélanger en première partie


Vendredi 13 août,
20 h 30,

À l’Espace Tam Tam

(421, boul. Langelier – à l’angle du boul. Charest est, à Québec)

Entrée libre, sortie gratuite,
poésie vivante.


Comme le veut la coutume aux Vendredis de poésie du TAP, la scène libre suivra la première partie avec des poètes invités.

Nous clôturons ici cette série estivale où, exceptionnellement, nous recevions un seul poète pour assumer la première partie. Ce mois-ci, c’est Paul Bélanger qui, avec sa poésie, nous conduira au chemin… ce même chemin qui ne mène nulle part, car la poésie nous apprend que la destination importe peu : seule compte la façon de s’y rendre.

Avis aux poètes : scène libre !

Venez donner vie à la scène dans vos mots et par votre présence (en lecture, en interprétation ou en performance) ! Inscription à compter de 20 h 00.

Animateur : André Marceau.

Présentés par le Tremplin d’actualisation de poésie (TAP), en partenariat avec le Centre communautaire Jacques-Cartier (CJC) et l’Espace Tam Tam, les Vendredis de poésie ont lieu chaque second vendredi du mois depuis 1998.

Paul Bélanger, notice bio-bibliographique :

Paul Bélanger publie, depuis 1982, des textes et des poèmes dans des revues au Québec et à l’étranger. Certains de ses poèmes ont paru dans des anthologies, d’autres ont été traduits en espagnol, en portugais et en anglais.
Il a publié sept titres aux Éditions du Noroît , dont Origines des méridiens (2005) qui a été finaliste aux Prix Saint Sulpice de la revue Estuaire, Alain-Grandbois de l’Académie des lettres du Québec, ainsi qu’au Prix du Gouverneur Général et, à l’hiver 2009, Répit.

En 2006, The world forgotten-selected poems (choix et traduction d’Antonio D’Alfonso) a été publié aux Éditions Guernica. En 2003, il a publié Les jours de l’éclipse aux Éditions Québec-Amérique (finaliste du Prix du Gouverneur-Général, et mention d’excellence de la Société des écrivains canadiens).