dimanche 17 mai 2009
Le Slam en questions
Chronique d’un slammestre
André Marceau
En quoi et comment « préparer » le jury ?
Tel que promis dans la précédente chronique du Slam en questions, je vous dévoile ici l’approche que j’ai développée pour SLAM cap en ce qui a trait aux consignes livrées aux membres du jury.
Entendu que le jury change à chaque joute, puisqu’il est composé de cinq spectateurs choisis dans l’assistance, le slammestre doit répéter les consignes à chaque nouvelle partie. Deux voies se présentent alors à lui, il peut transmettre les informations :
1- De façon individuelle, lors de leur recrutement. Ce qui, selon moi, comporte quelques inconvénients de taille. Ce procédé individualisé oblige à schématiser les consignes d’une part et, d’autre part, entraîne inévitablement quelques inégalités, d’un juge à l’autre, quant à la quantité et à la qualité des informations diffusées. Si le slammestre concède 2 minutes d’explications à chaque juge, cela représente en moyenne 10 minutes.
2- De façon collective, c’est-à-dire qu’on réunit les membres du jury, en aparté, afin de leur divulguer les consignes tous ensemble. Le tout dure de 5 à 10 minutes (selon les questions et interventions de chacun). D’aucuns y voient l’inconvénient que cela a pour effet de séparer ces cinq personnes de leurs amis respectifs durant quelques minutes.
Personnellement, je préfère la deuxième option. À mon avis, l’inconvénient qu’on lui impute relève d’une crainte non fondée. Au contraire, le fait de réunir ces spectateurs (qui partageront la responsabilité du jugement des slameurs), dans un lieu à part durant quelques minutes, constitue en soi un acte de reconnaissance quant à l’importance du rôle qu’ils tiendront dans le jeu et, du coup, lui confère une certaine officialité, ce qui n’est pas sans déplaire à ceux-là même qui ont accepté de se prêter au jeu. Il s’agit de demeurer bref et d’éviter d’être envahissant. Notamment, il faut que, tout au long du match, les juges puissent se retrouver assis avec leurs amis.
Consignes au jury
- Vous êtes là pour le plaisir, on ne veut pas vous le gâcher.
- C’est pourquoi on ne vous demandera pas de vous baser sur une grille d’analyse savante… vous êtes là à titre d'échantillon du public (représentatif)…[Liqs]
- Donnez les points en fonction du plaisir que vous éprouvez personnellement (coup de cœur). Essayez d’évaluer ce que vaudrait, en terme de points, votre enthousiasme à applaudir (plus ou moins fort).
- Évaluer chaque slameur sur une échelle de 0 à 10 pts. L’usage des fractions est encouragé (8,2 ; ou 7,9 ; ou 9,5 ; etc.) [LiQS]
- Ne vous laissez pas influencer par les autres (public et autres juges). [LiQS]
- Essayez d’être conséquent dans les points que vous donnez…
Une tendance est remarquable dans le monde du spectacle : plus la soirée avance, plus les spectateurs sont réchauffés et apprécient. Lors d’une joute où des points sont attribués, c’est une réalité cruelle qui pénalise les premiers slameurs et profitent aux derniers. C’est pourquoi on détermine au hasard l’ordre de passage. Mais en étant conscient de ce phénomène, vous pouvez tenter de relativiser les pointages que vous donnez. [LiQS]
- Le public aura tendance à réagir aux scores que vous donnez s'il les juge trop bas. Je vous recommande de considérer le pointage à 6, comme celui à accorder au plus mauvais poème, suivant votre appréciation. Par ailleurs, évitez de donner une note parfaite, comme le 10. Et si quelqu'un après arrive avec une prestation que vous estimez meilleure encore ?
- Si le public réagi fortement en fonction de votre échelle des points et que vous avez envie de vous adapter, ne changez pas d'échelle en cours de manche. Ce serait injuste pour les slameurs qui ont été évalués sous votre première échelle. Attendez à la seconde manche, vous pourrez repartir en suivant une nouvelle échelle. [LiQS]
- Ne prenez pas en considération les règlements du slam de poésie (durée, accessoires, costumes, etc)… Mesurez simplement votre plaisir. Les officiels (slammestre et juge de ligne) s’occupent d’appliquer les pénalités prévues sur le pointage que vous donnez…
- Ne prenez pas en considération des éléments externes… Exemple, n’ajoutez pas (ou n’enlevez pas) de points en fonction que le slameur ait appris ou non son texte par cœur. Ça ne doit pas être considéré comme élément à part, c’est-à-dire que si cela octroie un surplus qualitatif à la prestation, vous ne manquerez pas de l’apprécier d’autant et de lui accorder un pointage en conséquence.
- Avez-vous des questions ?
*_*
Pour connaître les règlements du Slam de poésie, cliquez.
Pour lire l'ensemble des chroniques « Le slam en questions », cliquez.
*_*
À noter :
1- Certaines consignes m’ont été transmises par Ivy de la Ligue québécoise de Slam (LiQS). Je l’ai chaque fois indiqué en la faisant suivre par l’acronyme [LiQS] entre crochet.
2- Je transmets d’habitude les consignes oralement, à partir d’un canevas. C’est ce canevas que j’ai adapté ici.
3- J'ai volontairement omis quelques-unes des consignes. À l'instar d'un chef cuisinier qui garde le secret au sujet de quelque ingrédient propre à sa recette, le slammestre partage certains détails exclusivement avec les spectateurs qui acceptent de jouer le rôle de juge.
André Marceau
En quoi et comment « préparer » le jury ?
Tel que promis dans la précédente chronique du Slam en questions, je vous dévoile ici l’approche que j’ai développée pour SLAM cap en ce qui a trait aux consignes livrées aux membres du jury.
Entendu que le jury change à chaque joute, puisqu’il est composé de cinq spectateurs choisis dans l’assistance, le slammestre doit répéter les consignes à chaque nouvelle partie. Deux voies se présentent alors à lui, il peut transmettre les informations :
1- De façon individuelle, lors de leur recrutement. Ce qui, selon moi, comporte quelques inconvénients de taille. Ce procédé individualisé oblige à schématiser les consignes d’une part et, d’autre part, entraîne inévitablement quelques inégalités, d’un juge à l’autre, quant à la quantité et à la qualité des informations diffusées. Si le slammestre concède 2 minutes d’explications à chaque juge, cela représente en moyenne 10 minutes.
2- De façon collective, c’est-à-dire qu’on réunit les membres du jury, en aparté, afin de leur divulguer les consignes tous ensemble. Le tout dure de 5 à 10 minutes (selon les questions et interventions de chacun). D’aucuns y voient l’inconvénient que cela a pour effet de séparer ces cinq personnes de leurs amis respectifs durant quelques minutes.
Personnellement, je préfère la deuxième option. À mon avis, l’inconvénient qu’on lui impute relève d’une crainte non fondée. Au contraire, le fait de réunir ces spectateurs (qui partageront la responsabilité du jugement des slameurs), dans un lieu à part durant quelques minutes, constitue en soi un acte de reconnaissance quant à l’importance du rôle qu’ils tiendront dans le jeu et, du coup, lui confère une certaine officialité, ce qui n’est pas sans déplaire à ceux-là même qui ont accepté de se prêter au jeu. Il s’agit de demeurer bref et d’éviter d’être envahissant. Notamment, il faut que, tout au long du match, les juges puissent se retrouver assis avec leurs amis.
Consignes au jury
- Vous êtes là pour le plaisir, on ne veut pas vous le gâcher.
- C’est pourquoi on ne vous demandera pas de vous baser sur une grille d’analyse savante… vous êtes là à titre d'échantillon du public (représentatif)…[Liqs]
- Donnez les points en fonction du plaisir que vous éprouvez personnellement (coup de cœur). Essayez d’évaluer ce que vaudrait, en terme de points, votre enthousiasme à applaudir (plus ou moins fort).
- Évaluer chaque slameur sur une échelle de 0 à 10 pts. L’usage des fractions est encouragé (8,2 ; ou 7,9 ; ou 9,5 ; etc.) [LiQS]
- Ne vous laissez pas influencer par les autres (public et autres juges). [LiQS]
- Essayez d’être conséquent dans les points que vous donnez…
Une tendance est remarquable dans le monde du spectacle : plus la soirée avance, plus les spectateurs sont réchauffés et apprécient. Lors d’une joute où des points sont attribués, c’est une réalité cruelle qui pénalise les premiers slameurs et profitent aux derniers. C’est pourquoi on détermine au hasard l’ordre de passage. Mais en étant conscient de ce phénomène, vous pouvez tenter de relativiser les pointages que vous donnez. [LiQS]
- Le public aura tendance à réagir aux scores que vous donnez s'il les juge trop bas. Je vous recommande de considérer le pointage à 6, comme celui à accorder au plus mauvais poème, suivant votre appréciation. Par ailleurs, évitez de donner une note parfaite, comme le 10. Et si quelqu'un après arrive avec une prestation que vous estimez meilleure encore ?
- Si le public réagi fortement en fonction de votre échelle des points et que vous avez envie de vous adapter, ne changez pas d'échelle en cours de manche. Ce serait injuste pour les slameurs qui ont été évalués sous votre première échelle. Attendez à la seconde manche, vous pourrez repartir en suivant une nouvelle échelle. [LiQS]
- Ne prenez pas en considération les règlements du slam de poésie (durée, accessoires, costumes, etc)… Mesurez simplement votre plaisir. Les officiels (slammestre et juge de ligne) s’occupent d’appliquer les pénalités prévues sur le pointage que vous donnez…
- Ne prenez pas en considération des éléments externes… Exemple, n’ajoutez pas (ou n’enlevez pas) de points en fonction que le slameur ait appris ou non son texte par cœur. Ça ne doit pas être considéré comme élément à part, c’est-à-dire que si cela octroie un surplus qualitatif à la prestation, vous ne manquerez pas de l’apprécier d’autant et de lui accorder un pointage en conséquence.
- Avez-vous des questions ?
*_*
Pour connaître les règlements du Slam de poésie, cliquez.
Pour lire l'ensemble des chroniques « Le slam en questions », cliquez.
*_*
À noter :
1- Certaines consignes m’ont été transmises par Ivy de la Ligue québécoise de Slam (LiQS). Je l’ai chaque fois indiqué en la faisant suivre par l’acronyme [LiQS] entre crochet.
2- Je transmets d’habitude les consignes oralement, à partir d’un canevas. C’est ce canevas que j’ai adapté ici.
3- J'ai volontairement omis quelques-unes des consignes. À l'instar d'un chef cuisinier qui garde le secret au sujet de quelque ingrédient propre à sa recette, le slammestre partage certains détails exclusivement avec les spectateurs qui acceptent de jouer le rôle de juge.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire