jeudi 23 mai 2013
Elle n'a jamais fait de slam
Une chronique de Geneviève Lévesque
d'après une idée originale de André Marceau
La chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du slam. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.
Louise Desjardins
Louise Desjardins, originaire de Rouyn-Noranda, a publié de nombreux recueils de poésie, dont La 2e Avenue (Hexagone, 1995), Silencieux Lassos (Écrits des forges, 2004) et Ni vu ni connu (La courte échelle, 2002), lequel lui a valu le sceau argent du prix du livre Monsieur Christie 2002. Romancière également, elle a publié cinq romans, entre autres So long (Boréal, 2005) et Rapide-Danseur (Boréal, 2012). Elle est aussi l’auteure de la biographie de Pauline Julien (Leméac, 1999), d’un recueil de nouvelles, Cœurs braisés (Boréal, 2001), d’un récit, Momo et Loulou (Remue-Ménage, 2004), et de la traduction de deux recueils de poésie de Margaret Atwood. Certaines de ses œuvres ont été traduites en anglais, en espagnol et en arabe.
Louise Desjardins détient une maîtrise en littérature comparée de l’Université de Sherbrooke et elle a longtemps enseigné la littérature au niveau collégial. En plus d’être membre à vie du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, elle a fait partie de différents conseils d’administration (CALQ, UNEQ, Association des traducteurs littéraires du Canada, Camp littéraire Félix).
À l’automne 2013, elle séjournera à Buenos Aires grâce à une bourse de résidence d’écriture offerte conjointement par le CALQ et le ministère de la Culture de l’Argentine.
Dernier recueil publié : Silencieux lassos, Écrits des Forges, 2004, 74 pages. Traduit en espagnol par Silvia Pratt, édition bilingue : Silenciosos lazos, Mantis Editores, 2009, 131 p.
À l’instar des autres poètes invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », Louise Desjardins a rédigé un court texte pour nous expliquer pourquoi elle n’a jamais participé à un slam de poésie.
Je n’ai jamais fait de slam parce que :
Je n’ai jamais fait de slam parce que je n’aime pas les rimes, le comptage de pieds, les contraintes de tout ordre, et surtout parce que je suis nulle en mémorisation et encore plus en improvisation. Je cherche quand même à dire tout ce que je veux, tout ce que je sens, ce qui, une fois étalé en mots dans un carnet ou sur un écran, prend des formes diverses, inattendues, exploratoires, imprenables, douteuses, aléatoires, et avec lesquelles je joue presque à l’infini. En couchant mes lettres sur la page, je meurs un peu à chaque mot que je dorlote avant de le serrer près du cœur. Et il m’arrive de les lire en public, ces poèmes. Tels quels.
Quelques extraits d’un recueil en devenir
Plaza Saint-Hubert
avec ma mère
devant les boutiques
enguirlandées
à longueur d’année
Des robes strapless
de mères de mariée
des bagues de fiançailles
des flûtes de plastique
des plateaux stainless
des culottes mangeables
des souliers jackés
les yeux cernés
une jeune femme
en parka de duvet
pousse la poussette
lèche les vitrines
pleines de promesses
Le bébé s’égosille
la morve au nez
Elle aurait dû y penser avant
dit ma mère
Au souk du Caire
parmi les fichus
rose bonbon
pailletés d’or
on voit des tchadors
proliférer à vue d’œil
tourner au noir niqab
cagoules de désir mâle
devenir burqas
bleuir dans l’âme
des femmes comme moi
Une voix d’Oum Kalsoum
déchirante
traverse le couloir bigarré
appelle à sa rescousse
Mariane Faithful
et Lucy Jordan
In a sport car
with a warm wind in her hair
Une femme au Caire
dans la place déserte
parmi les hommes dévoilés
On s’engouffre dans le métro
Berri-Uqam
et on s’agglutine malgré nous
comme dans Love me tender
Une voix mécanique
scande les stations
un incident
un ralentissement
pompent la sueur sous
les anoraks prévus
pour moins quarante Celsius
Un parfum d'Haïti
un foulard zapatiste
un poncho de Bolivie
se faufilent parmi les iPhones
de parfaits inconnus
Les portes grandes ouvertes
crachent une mère sur le quai
évacuant avec elle
ses rêves passagers
- - - Extraits d’un recueil en devenir.
Pour lire les chroniques précédentes, cliquez.
d'après une idée originale de André Marceau
La chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du slam. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.
Louise Desjardins
Louise Desjardins, originaire de Rouyn-Noranda, a publié de nombreux recueils de poésie, dont La 2e Avenue (Hexagone, 1995), Silencieux Lassos (Écrits des forges, 2004) et Ni vu ni connu (La courte échelle, 2002), lequel lui a valu le sceau argent du prix du livre Monsieur Christie 2002. Romancière également, elle a publié cinq romans, entre autres So long (Boréal, 2005) et Rapide-Danseur (Boréal, 2012). Elle est aussi l’auteure de la biographie de Pauline Julien (Leméac, 1999), d’un recueil de nouvelles, Cœurs braisés (Boréal, 2001), d’un récit, Momo et Loulou (Remue-Ménage, 2004), et de la traduction de deux recueils de poésie de Margaret Atwood. Certaines de ses œuvres ont été traduites en anglais, en espagnol et en arabe.
Louise Desjardins détient une maîtrise en littérature comparée de l’Université de Sherbrooke et elle a longtemps enseigné la littérature au niveau collégial. En plus d’être membre à vie du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue, elle a fait partie de différents conseils d’administration (CALQ, UNEQ, Association des traducteurs littéraires du Canada, Camp littéraire Félix).
À l’automne 2013, elle séjournera à Buenos Aires grâce à une bourse de résidence d’écriture offerte conjointement par le CALQ et le ministère de la Culture de l’Argentine.
Dernier recueil publié : Silencieux lassos, Écrits des Forges, 2004, 74 pages. Traduit en espagnol par Silvia Pratt, édition bilingue : Silenciosos lazos, Mantis Editores, 2009, 131 p.
À l’instar des autres poètes invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », Louise Desjardins a rédigé un court texte pour nous expliquer pourquoi elle n’a jamais participé à un slam de poésie.
Je n’ai jamais fait de slam parce que :
Je n’ai jamais fait de slam parce que je n’aime pas les rimes, le comptage de pieds, les contraintes de tout ordre, et surtout parce que je suis nulle en mémorisation et encore plus en improvisation. Je cherche quand même à dire tout ce que je veux, tout ce que je sens, ce qui, une fois étalé en mots dans un carnet ou sur un écran, prend des formes diverses, inattendues, exploratoires, imprenables, douteuses, aléatoires, et avec lesquelles je joue presque à l’infini. En couchant mes lettres sur la page, je meurs un peu à chaque mot que je dorlote avant de le serrer près du cœur. Et il m’arrive de les lire en public, ces poèmes. Tels quels.
Quelques extraits d’un recueil en devenir
Plaza Saint-Hubert
avec ma mère
devant les boutiques
enguirlandées
à longueur d’année
Des robes strapless
de mères de mariée
des bagues de fiançailles
des flûtes de plastique
des plateaux stainless
des culottes mangeables
des souliers jackés
les yeux cernés
une jeune femme
en parka de duvet
pousse la poussette
lèche les vitrines
pleines de promesses
Le bébé s’égosille
la morve au nez
Elle aurait dû y penser avant
dit ma mère
Au souk du Caire
parmi les fichus
rose bonbon
pailletés d’or
on voit des tchadors
proliférer à vue d’œil
tourner au noir niqab
cagoules de désir mâle
devenir burqas
bleuir dans l’âme
des femmes comme moi
Une voix d’Oum Kalsoum
déchirante
traverse le couloir bigarré
appelle à sa rescousse
Mariane Faithful
et Lucy Jordan
In a sport car
with a warm wind in her hair
Une femme au Caire
dans la place déserte
parmi les hommes dévoilés
On s’engouffre dans le métro
Berri-Uqam
et on s’agglutine malgré nous
comme dans Love me tender
Une voix mécanique
scande les stations
un incident
un ralentissement
pompent la sueur sous
les anoraks prévus
pour moins quarante Celsius
Un parfum d'Haïti
un foulard zapatiste
un poncho de Bolivie
se faufilent parmi les iPhones
de parfaits inconnus
Les portes grandes ouvertes
crachent une mère sur le quai
évacuant avec elle
ses rêves passagers
- - - Extraits d’un recueil en devenir.
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1 commentaire:
Fun
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