d'après une idée originale de André Marceau
La chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du slam. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.
Dominic Gagné

Dernier recueil publié : Alejandra, parfois, Triptyque, 2013, 65 pages.
À l’instar des autres poètes invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », Dominic Gagné a rédigé un court texte pour nous expliquer pourquoi il n’a jamais participé à un slam de poésie.
Je n’ai jamais fait de slam parce que :
Je n'ai jamais fait de slam parce que je suis un homme de peu de mots. Mon laconisme ne conviendrait pas à la joute oratoire. Je préfère travailler lentement. Au compte-gouttes. Dans l'ombre. J'ai aussi du mal à m'imaginer la poésie comme une épreuve sportive, une compétition où s'affrontent des poètes, des pugilistes du verbe. Si la poésie est un sport de combat, elle en est un qui oppose le poète à la langue et au silence. Et ce n'est jamais le poète qui l'emporte.
Quelques extraits de Alejandra, parfois
par Dominic Gagné
Éditions Triptyque, 2013
DEUXIÈME TENTATION
Accoudée à la fenêtre, elle regarde les fruits tomber des arbres comme des ogives, avec l'impression de perdre quelque chose, sans doute l'innocence ou la maladie – et si les deux n'étaient qu'une seule entité? – qui s'échappe vers un autre visage, à peine effleurée; une à une, les pommes touchent le sol; elle entend presque les hurlements, les déflagrations, elle recompose le drame qui joue en boucle dans sa gorge : aujourd'hui, ni bijou ni parfum, sa chair est un silence d'après-guerre.
(Alejandra, parfois, p. 17)

elle rêve de lutrins
d'instruments à voix
de laisser son empreinte
sur l'immobile
elle prend le temps
de se blesser
dans les guerres
et les livres des autres
dans quelle plaie
poser le prochain pas
(Alejandra, parfois, p. 19)
LES ORACLES
8.
Alejandra réécrira
certains silences
deux trois traits
à la pointe du couteau
(Alejandra, parfois, p. 60)
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Extraits de Alejandra, parfois, Triptyque, 2013.
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