jeudi 22 novembre 2012

Il n'a jamais fait de slam

Une chronique de Geneviève Lévesque
d'après une idée originale de André Marceau

La chronique « Il/elle n’a jamais fait de slam » vise à faire connaître des poètes et leur poésie qui, bien qu’écrite pour le livre, peut susciter l’intérêt des amis du slam. Puisque le blogue est d’abord et avant tout écrit (et non sonore, parlé ou vidéo), la publication de quelques poèmes s’avère appropriée.

Charles Sagalane

Charles Sagalane explore en poésie. Ses outils se nomment crayon, plumes, bâton de parole, photographies, objets et installations in situ. Ses écrits imbriquent fragments, narration, dialogues, vers libres et formes fixes. Il travaille actuellement à un vaste édifice poétique, le musée moi, dont témoignent trois recueils publiés aux éditions La Peuplade.

L’auteur invite les lecteurs à découvrir ses livres et participer à ses projets d’écriture en visitant son site internet interactif : www.sagalane.com.

À l’instar des autres poètes invités à la chronique « Il/Elle n’a jamais fait de slam », Charles Sagalane a rédigé un court texte pour nous expliquer pourquoi il n’a jamais participé à un slam de poésie.

Je n’ai jamais fait de slam parce que : 

Je ne peux pas dire que je déclame.
Et c’est bien rare que je rime.
J’ai dans les mots une part intime qui voudrait qu’on murmure.
La force des projecteurs me gêne et je voudrais me tenir en voix dans le noir, pour toute lueur le visage en chandelle de chaque auditeur.
Je suis fait pour le cercle, un bâton de paroles à la main, et qui circule, plutôt que la plongée droite, frontale et ascendante de la scène.
Je suis un simple cueilleur.
Je ne suis pas un slameur.


Quelques poèmes extraits de 29 carnet des indes, de 68 cabinet de curiosités et de 51 antichambre de la galerie des peintres 
par Charles Sagalane 
Éditions La Peuplade, 2006, 2009 et 2011




si je savais danser les mots,

si mes pas, mes gestes, les traits de
mon visage avaient tous une voix,

si mon corps était mon propos, mes
vers, une chair, et mes lignes, des
frissons sur ma peau



l’ennui ne serait que des pas,
l’allégresse de savants gestes des bras,

et la colère, le museau que l’on remue
un certain nombre de fois

comme le tigre ou le chat

(29 carnet des indes, p. 159-160)








ouïr le rythme entremêlé de pénis
pelvis et voix

source mystérieuse j’en conviens que
tout amour brûlé contient






   (Ses cuissards de feutre et de laine
de brebis épousaient ses tatouages de
conteuse.)

   (De même que la fine blouse qu’elle
portait.)




   (Soie sauvage brodée d’un passepoil
vermeil, de même étoffe que ses
paroles.)

   (Dont il serait inexact de dire qu’elles
ont fondu.)



car il n’y a pas d’ordre de temps
vraiment

outre l’égratignure de ces choses-là

(68 cabinet de curiosités, « la demoiselle de glace », extraits, p. 107-110)




quiet ce qui est         cheveu à cheveu





un œil joli        et c’est celui qui louche


d’un émail                             insistant





le temps      sur la palette de tes dents


(51 antichambre de la galerie des peintres, « chuck close », extraits, p. 117-118)


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Poèmes extraits de 29 carnet des indes, La Peuplade, 2006, de 68 cabinet de curiosités, Éditions La Peuplade, 2009 et de 51 antichambre de la galerie des peintres, Éditions La Peuplade, 2011

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